Élargir la représentation de la santé
Les premiers travaux de Claudine Herzlich (approche holistique de la santé) montrent que parmi les représentations que le grand public se fait de la santé, on trouve le bien-être psychologique, la bonne humeur, le bien-être physique, mais aussi la capacité à faire et à poursuivre ses buts sans percevoir ses limites. Un tel lien fait écho à la définition de la santé selon l’OMS. Pour les 61 États signataires, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (1946). Pour certains, c’est le signe d’une conception de la vie qui rend la frustration et la souffrance anormales et fait de la santé un horizon impossible à atteindre. Pour d’autre, cette vision est certes utopique, mais elle a le mérite de sortir la santé du champ de la médecine pour en faire un concept vulgaire, c’est-à-dire populaire et non scientifique, que chacun peut s’approprier. Le lien entre santé et bien-être n’est ainsi pas si simple, surtout si le bien-être demeure une notion floue.
Qu’est-ce que le bien-être ?
Certains chercheurs considèrent que le bien-être est une réalité mesurable à partir d’indicateurs objectifs, comme la durée de vie, les revenus, le taux de chômage, etc. D’autres estiment, au contraire, que le bien-être est une notion subjective. En effet, dans une même situation, une personne pourra se dire heureuse tandis qu’une autre, non. Pour ne pas rester enfermée dans cette alternative, l’OMS a cherché à comprendre en quoi l’association santé bien-être pouvait être utile. Sa réponse est qu’elle permet de prendre en compte les aspects subjectifs de la santé, une dimension auparavant négligée par la médecine. C’est donc la part subjective qui intéresse l’OMS, tout en reconnaissant que des facteurs objectifs ne sont pas sans impact. Aussi sa définition du bien-être suit une voie intermédiaire, indiquant qu’il « comporte deux dimensions, l’une objective et l’autre subjective. Il envisage la façon dont un individu perçoit son existence ainsi que la comparaison de ses conditions de vie avec les valeurs et les normes sociales en vigueur » (OMS 2012).
Lien bien-être santé : éviter la tentation de l’éphémère
L’association bien-être – santé pose également la question du sens. Car le bien-être a souvent été réduit à une offre de consommation (alicaments, gels douche, salles de gym, etc.) sans ouvrir un sens plus large ni de réelles perspectives dans le champ de la santé. Pourtant, la définition de l’OMS de bien être renvoie à l’épanouissement des personnes, c’est-à-dire moins à la satisfaction de leurs désirs immédiats qu’à leur capacité à s’émanciper et à s’autonomiser. Cette façon de définir le bien-être l’ancre dans des horizons de vie, comme la santé. D’ailleurs, en 1991, la Loi sur les services de santé et les services sociaux du Québec a ajouté une intéressante dimension relationnelle à sa définition de la santé et du bien-être qui désignaient alors « la capacité physique, psychique et sociale d’une personne d’agir dans son milieu et d’accomplir les rôles qu’elle entend assumer, d’une manière acceptable pour elle-même et pour les groupes dont elle fait partie ». Ainsi le bien-être peut-il être rapproché d’un projet éthique, pour soi-même et dans la relation aux autres.